En tant que parents, nous aimons bien sûr nos enfants, et notre premier désir est qu'ils soient avec nous éternellement dans les cieux. Il est beaucoup plus important qu'ils soient sauvés plutôt qu'ils fassent une carrière remarquable ou qu'ils réussissent sur le plan humain. Ce type de succès passera; la seule chose qui demeure, c'est la foi qui sauve et qui permet de parvenir au royaume de Dieu.

1. Des enfants qui nous sont prêtés

Quelques chiffres permettront tout d'abord de mesurer l'enjeu de la question :

– Selon certaines statistiques, 86 % des chrétiens se sont convertis avant l'âge de 15 ans [1]. 
– 85 % de la personnalité adulte est déjà formée à l'âge de 6 ans [2].
– Seulement 5 % des jeunes entre 15 et 20 ans considèrent la recherche spirituelle comme une valeur fondamentale de la vie [3].

Quelles sont les aspirations de nos enfants ? Sont-ils passionnés par Jésus Christ ? Pendant les premières années de la vie, les parents ont la responsabilité de développer la piété de leurs enfants, en sachant que, plus tard, ce sera plus difficile.

Aux yeux de Jésus, les enfants sont très importants. Il les prend même comme exemple : “En vérité je vous le dis, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux”. Il ajoute qu'être pour l'un d'eux une occasion de chute est très grave (Matt 18.1-6).

Les enfants nous sont donc prêtés pour le temps de leur enfance et nous sommes responsables d'eux pendant toute cette période cruciale.

2. Les limites de notre responsabilité

Pour autant, notre responsabilité est limitée : elle n'est pas de convertir nos enfants, car Dieu seul peut le faire. Elle est plutôt de les orienter, de leur donner des bases. Plus tard, ils décideront eux-mêmes et nous devrons respecter leurs engagements dans l'amour et la prière. Transmettre la foi est difficile, car nous devons influencer sans forcer.

Notre responsabilité est aussi de suivre les principes que la Bible nous enseigne : dans une famille chrétienne, tous les membres doivent s'y soumettre. Pour autant, la foi n'est pas un comprimé que l'on donne, ni une croyance vague, ni des lois religieuses, autrement ce serait facile ! Transmettre la foi, c'est rendre nos enfants “amoureux” de Dieu.

Tu vivras la foi devant tes enfants 

1. … en aimant Dieu

Le livre du Deutéronome contient des instructions très utiles sur la transmission de la foi dans la famille (Deut 6.4-9). Au moment d'entrer dans la terre promise, Moïse rappelle les lois données par le Seigneur dans le désert. Juste avant, il répète les dix commandements, que le peuple accepte avec zèle et enthousiasme. Puis il interpelle l'Israélite : “Écoute, Israël ! l'Éternel, notre Dieu, est un” (v. 4). Ce passage débute par un “écoute !” impérieux : avant d'enseigner, il faut apprendre ; avant de parler, il faut écouter. On ne communique que ce que l'on connaît vraiment. Le principe est le même pour ce qui concerne Dieu.

Le verset 5 enchaîne avec ce que Jésus reconnaîtra comme le plus grand commandement (Matt 22.37-38) : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force”.

– Le “cœur” représente l'intérieur de l'homme au sens large, il comprend toutes les dimensions de la personnalité humaine.
– L'”âme” est plutôt le siège des émotions, des sentiments.
– La “force” implique toutes les ressources physiques et mentales.

Le but de notre vie en Christ est d'aimer Dieu en priorité et de développer cet amour plutôt que l'amour de nous-mêmes, de nos enfants, de l'argent, ou de la gloire. Aimer Dieu implique de chercher à le connaître, de cultiver son intimité, de vivre selon ses lois, de vivre concrètement sous son aile.

Notre vie doit témoigner de ce Jésus-Christ que nous prêchons. Pour communiquer cette passion, nous devons y consacrer de l'énergie, du temps, en parler non pas comme une contrainte mais comme un privilège, montrer que nous aimons Dieu : c'est la première “recette” pour transmettre la foi à nos enfants.

2. … en aimant la Parole de Dieu

Le même passage du Deutéronome continue : “Ces paroles que je te donne aujourd'hui seront dans ton cœur” (Deut 6.6). Le NT confirme : “Que la parole de Christ demeure en vous dans toute sa richesse. Quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâces par lui à Dieu le Père” (Col 3.16-17). Si la Parole demeure en nous, notre vie sera transformée, et cela orientera la mentalité de nos enfants.

La deuxième “recette” est donc : aimer la Parole.

En conclusion, avant de chercher à transmettre la foi, il faut avant tout vivre sa foi. Bon nombre d'enfants ont refusé d'embrasser la foi, parce qu'ils ont vu, dans leurs parents comme dans l'église, une hypocrisie monumentale. Bon nombre de parents ont voulu forcer la foi de leurs enfants en l'imposant, alors que l'objectif, c'est que nos enfants aiment le Seigneur.

Tu enseigneras la foi à tes enfants

1. …en formant la pensée

Le Deutéronome dit : “Tu les inculqueras à tes enfants” (Deut 6.7a). Le verbe “inculquer” a une connotation en français un peu différente du terme hébreu : en français, c'est presque l'équivalent de “tu forceras tes enfants”, alors que le verbe hébreu signifie litt. “aiguiser” [4]. Ce terme peut évoquer un enseignement pointu, précis, opportun, qui met le doigt sur les problèmes, qui perce les abcès. 

Ce commandement s'adresse aux deux parents : “Mon fils, garde les préceptes de ton père, Et ne rejette pas l'enseignement de ta mère” (Prov 6.20). Le père et la mère ont ce devoir d'enseignement. Mais aucun des parents ne peut démissionner de sa responsabilité, sous prétexte que l'autre parent n'est pas très motivé à le faire. 

Cependant le père a une responsabilité générale (Gen 18.18-19 ; Ps 78.5-6). Messieurs les pères, comment faites-vous pour enseigner, inculquer, transmettre la foi à vos enfants ? Le meilleur moyen est sans doute d'instituer un culte de famille régulier, dont le contenu sera adapté :

– à l'âge et la compréhension de vos enfants, 
– au rythme de vie de votre foyer. 

Peut-être vous dites-vous : “c'est du bourrage de crâne !” Soyez persuadés que, d'une part, cela peut être un moment passionnant pour la vie familiale et que, d'autre part, si leur crâne ne se remplit pas de la Parole de Vie, bien d'autres choses prendront la première place dans la tête de vos enfants !

2. … en étant constant

Le même passage ajoute : “Tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras.” (Deut 6.7b). Est-ce à dire que Dieu veut que nous soyons une sorte de moulin à paroles ? Il s'agit plutôt de saisir toutes les opportunités de la vie pour en tirer des leçons spirituelles. Donnons quelques exemples : un arc-en-ciel, un arbre, des fourmis, peuvent être l'occasion de tirer des leçons utiles, appuyées sur des versets bibliques. Il est important de ne pas détacher la foi de notre vécu, ni de nos circonstances. Est-ce que vous changez lorsque vous êtes en vacances, ou avec des amis ? 

Peut-être vous dites-vous : “Et si mes enfants ne veulent pas de tout ceci ?” Rappelez-vous que :

– On ne peut convertir, seul Dieu peut le faire. 
– Il ne faut pas confondre respect de la foi familiale et adhésion personnelle à la foi.
– Si certains de nos enfants ne se sont pas convertis, on ne peut leur demander de vivre en chrétien, là encore ce serait de l'hypocrisie !
– Certains aspects de la vie chrétienne sont impératifs, mais pas d'autres. Par exemple, dans notre famille, le culte est une tradition pour tous, le reste (groupe de jeunes, réunion de prière, etc.) est optionnel. 

Enfin, l'application variera dans le temps : de l'enfance à la maturité, l'éducation passe par les étapes suivantes :

1. elle commande la volonté d'un enfant, 
2. elle influence la volonté d'un adolescent, 
3. elle libère la volonté d'un jeune adulte.

Dieu est avec vous

Dieu souhaite sauver des familles entières, et pas simplement un mari seul, une femme seule, des parents seuls, ou des enfants seuls. Le livre des Actes en témoigne :

– Dans le cas de Lydie, nous voyons l'influence d'une femme sur son foyer : elle a cru et sa famille s'est tournée vers Christ (Act 16.14-16).
– La réponse de Paul et Silas au geôlier de Philippes est encourageante : “Crois au seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille” (Act 16.31). Ce verset contient la promesse du désir de Dieu : lorsqu'une personne se tourne vers le Seigneur, son influence sera déterminante et son témoignage ne sera pas vain.

Puisque tel est le désir de Dieu, confions-nous en sa grâce pour qu'il sauve nos enfants. Mais la terre de leur cœur est-elle suffisamment labourée ? Préparons-nous le terrain de leurs pensées avec sérieux, avec prière, avec consécration ?


[1] Hatzakortzian, Mariés et heureux, p. 128.
[2] Paul et Richard Meier, Family Foundations, p 19.
[3] Gérard Mermet, Francoscopie, p 159.
[4] Il est utilisé à propos de flèches (És 5.28 ; Prov 25.18).
[5] Ce texte est adapté d'un cours de Florent Varak sur “Des hommes et des femmes face à face”, disponible intégralement sur le site www.grace-lyon.org.

Note éditoriale : cet article a d’abord paru dans la revue Promesses